Nocturne

1997

Violoncelle et piano

10 mn

• Première audition :28/04/1997, studio 106 de la Maison de Radio France, Paris (France) – François Salque (violoncelle), Claire-Marie Le Guay (piano).

• Éditeur : Gérard Billaudot.

CD « Chorus » (Accord/Universal 476 1282).

 

 

 

 

 

 

 

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C’est dans une atmosphère particulièrement sombre et décharnée que débute ce Nocturne. Une lente mélodie écartelée dans des intervalles disjoints et semblant tourner sur elle-même est distillée par le violoncelle tandis que le piano ponctue l’ensemble de manière glaçante. Seul changement de climat dans cette première période, le brusque renversement des rôles au cours duquel le piano s’empare du chant avec force sous les ponctuations violentes du violoncelle avant que le climat austère et dépouillé du début ne reprenne le dessus. Les deux instruments se livrent alors, dans un climat d’attente, à un bref jeu de miroir autour d’un sol dièse aigu persistant, d’où émerge le premier personnage expressif de l`œuvre, sorte de longue phrase élégiaque du violoncelle sonnant comme une prémonition de ce que sera le sommet de la pièce.

Le procédé formel régissant la suite de l’œuvre est quasiment cinématographique : une danse vive à la rythmique irrégulière et particulièrement complexe naît dans le lointain, sans cesse interrompue de manière abrupte par des sortes de flashbacks du début. Ce n’est que progressivement que s’opère un travail de fusion entre ces divers personnages que tout oppose initialement. Ce sont par exemple les intervalles disjoints du chant initial qui créent les harmonies de la tempétueuse partie centrale avant même que ne réapparaisse le dessein mélodique. Cette fusion aboutira dans un tourbillon de plus en plus effréné au second sommet expressif de l’œuvre, sorte de long cri qui ensevelira dans sa longue et implacable descente tous les espoirs de renaissance du thème de danse. La coda ne fera que renforcer la noirceur désespérée de la pièce.

Thierry Escaich